La naissance d'une icône

 

Elle fête cette année son soixante-dixième anniversaire (1953 - 2023), la Blancpain Fifty Fathoms est devenue une icône horlogère, une légende dans les montres de plongée (militaires ou pas), des montres dites sportives. Ce statut, finalement rare dans le paysage horloger (on pense de suite à Rolex, dont la Submariner est pourtant née 1 an après le Fifty Fathoms), a été forgé à travers toute son histoire, de sa naissance jusqu’à nos jours. Cette revue tente (le chemin est semé d'embuches et pas mal de zones d'ombres persistes) de retracer l'histoire de cette pièce.

 

Frédéric-Emile Blancpain
Frédéric-Emile Blancpain

La naissance, en 1953, de la Fifty Fathoms, est avant tout l'histoire de la rencontre d'hommes en quête d'un but commun. Avoir la montre de plongée parfaite. Mais avant de rentrer dans le vif du sujet et d'évoquer l'un des acteurs majeurs de la naissance de la Fifty Fathoms, il est nécessaire de revenir un peu en arrière et de parler du passé de la marque et surtout de Betty...

Betty Fiechter est rentrée chez Blancpain en 1915 à l'âge de 16 ans en tant qu'apprentie, Frédéric-Emile Blancpain était alors le patron de Blancpain. Fidèle, Betty Fiechter restera chez Blancpain durant plusieurs décennies et sa carrière prit de l'importance au fil du temps pour finalement devenir Directrice de la recherche et du développement ainsi que de la partie commerciale de la marque du Brassus.

En 1932, Frédéric-Emile Blancpain décéde et avec l'absence d'héritier, le nom de famille Blancpain s'éteint au sein de l'entreprise (sa fille unique ne souhaitait pas prendre la relève). Heureusement, en juin 1933, Betty Fiechter et le directeur commercial, André Léal,  mirent leurs économies en commun pour racheter l’entreprise, en la rebaptisant Blancpain Rayville SA (Rayville étant une anagramme phonétique de Villeret). En raison d’une loi helvétique due notamment à des dispositions du Code des obligations, ce changement de nom n’était aucunement facultatif : comme aucun membre de la famille Blancpain ne restait associé à l’entreprise, les nouveaux propriétaires avaient l’obligation d’en modifier la raison sociale officielle.

 

Betty Fiechter
Betty Fiechter

Les premiers temps furent compliqués pour Betty Fiechter. L'industrie horlogère suisse n'est pas épargnée par la Grande Dépression. La solution imaginée par Blancpain pour sauver les meubles consista à se tourner vers le marché américain qui, au milieu des années 1930, se portait bien mieux que le marché Européen. Betty Fiechter décida donc d'y commercialiser des mouvements pour devenir le principal fournisseur des marques Gruen, Elgin et Hamilton. A la veille de la seconde guerre mondiale, André Léal avec qui Betty a racheté Blancpain décède. Betty Fiechter devient alors la première femme présidente et propriétaire d’une manufacture.

Elle occupa seule ce poste jusqu’en 1950. Une des particularités et des spécificités de Frédéric-Emile Blancpain, le mentor de Betty Fiechter, avait été de lancer la production de petits calibres destinés aux montres féminines. A l’aube de la Première Guerre mondiale, Blancpain développa un petit calibre ovale et un autre de forme baguette. Les 2 mouvements rencontrèrent un énorme succès. Betty Fiechter œuvra à l’expansion de cette spécialité.

Cette réussite dans le domaine marquèrent les bases de sa future collaboration avec son neveu, Jean-Jacques Fiechter. Ce dernier, diplômé en histoire et désireux de compléter ses études par un doctorat, entra dans l’entreprise sur demande de sa tante sans aucune expérience de l’univers de l’horlogerie. Le développement de la carrière de son neveu devint pour Betty une priorité. Pour cela, elle organisa un programme complet sur une année afin de donner à son neveu l’opportunité de découvrir tous les domaines liés au bon fonctionnement de l'entreprise. Après avoir achevé sa formation, Jean-Jacques rejoignit Betty au conseil d’administration de Blancpain et devint, en 1950, le patron de Blancpain (Betty resta Présidente).

 

Rayville SA, anagramme phonétique de Villeret - Crédit : ?
Rayville SA, anagramme phonétique de Villeret - Crédit : ?

 

Jean Jacques Fiechter est patron de Blancpain depuis 1950 comme dit précédemment (il le restera jusqu'en 1980). A côté de ses activités et engagements professionnels, Jean Jacques Fiechter compte parmi les tous premiers amateurs de plongée sous marine de loisir, il est d'ailleurs à ce titre inscrit dans un club de plongée du sud de la France. Là encore, sa tante Betty a joué en rôle dans cette passion puisqu'elle avait une maison à Cagnes-sur-Mer, permettant à Fiechter de découvrir cette discipline. Un jour, alors qu'il effectué une plongée à 50 mètre de profondeur à Villefranche-sur-Mer, il frôle l'accident fatal en perdant la notion du temps et en découvrant que ses bouteilles étaient presque vides et qu'il commençait à manque d'air ! Il avait besoin de faire surface au plus vite, mais pour le faire en toute sécurité, il devait faire des arrêts chronométrés pour décompresser mais ses réserves n'étaient pas suffisantes. Cet accident qui aurait pu lui couter la vie (les accidents de décompression sont redoutés) lui fait alors prendre conscience de l'importance de pouvoir bénéficier d'un instrument de mesure adéquat.

Un instrument capable de mesurer le temps d'immersion. Il n'en fallait pas plus pour qu'il commence à se pencher sérieusement sur la question.

 

Jean Jacques Fiechter en plongée dans le sud de la France / Carte de membre du Club Alpin Sous-Marin - Crédit : Blancpain
Jean Jacques Fiechter en plongée dans le sud de la France / Carte de membre du Club Alpin Sous-Marin - Crédit : Blancpain

 

En parallèle, des travaux et études que débutent de son côté Jean Jacques Fiechter, le capitaine Robert "Bob" Maloubier et le lieutenant Claude Riffaud sont en train de créer, en France, une unité de Nageurs de combat. 

Tout a commencé en 1951, quand Claude Riffaud, alors enseigne de vaisseau du Commando François intègre le Commando Hubert. Lors d'un volontariat pour déminer les côtes du Languedoc, Riffaud et quelques uns de ses commandos, impressionnés par les actions menées par les nageurs de combat italiens durant la seconde Guerre Mondiale (eux portaient des Rolex modifiées par Panerai), montent une attaque sous-marine nocturne contre un cargo ancré au large de Sète. C'est un succès total et l'aller-retour se déroule dans une discrétion absolue.

Dès son retour, Riffaud parle de ce raid sous-marin au commandant de l'école des fusiliers commandos qui le met au défi de faire sauter un câble téléphonique. Là encore, c'est un succès. Avec l'accord de son chef, Riffaud transmet alors un mémorandum au chef d'état major de la Marine quant à l'intérêt d'avoir un corps d'hommes capables de réaliser des opérations sous-marines.

Deux mois plus tard, l'état major fait un retour :

"L'enseigne de vaisseau Claude Riffaud est détaché à Arzew (à une trentaine de kilomères d'Oran) pour créer une unité de nageurs de combat".

A la même époque, le 11ème Choc, le bras armé du SDECE (Service de documentation extérieure et de contre-espionnage, tel était le nom des services secrets français de 1946 à 1982 et qui deviendra la DGSE), basé à Collioure, a mis sur pied une équipe de nageurs appelée "Groupement Amphibie". Le SDECE décide de s'associer au projet de la Marine, et détache un de ses éléments, le capitaine Robert Maloubier, ancien agent secret anglais, instructeur au 11ème Choc, et passionné lui aussi par les exploits des nageurs de combat italiens.

Dans un premier temps, celui-ci part en Angleterre effectuer un stage chez les SBS (Special Boat Squadron) des Royal Marines, tandis que Claude Riffaud rejoint le saint des saints, l'école des nageurs de combat italiens à La Spezia, puis s'envole vers les Etats-Unis pour un stage chez les UDT (Underwater Destruction Team). De retour à Arzew, ils vont se mettre à plonger et à perfectionner toutes les techniques qu'Italiens et Britanniques avaient défrichés pendant la guerre.  Avec des moyens de fortune ils parviennent à créer l'école des nageurs de combat (ENC) qui ouvre ses portes le 1er janvier 1952 pour accueillir ses 20 premiers élèves. En 1953, la Marine décidera de créer une véritable unité de nageurs de combat, c'est le Commando Hubert qui fut choisi comme unité d'accueil.

  

Robert "Bob" Maloubier, debout main sur l'épaule de Claude Riffaud - Crédit : ?
Robert "Bob" Maloubier, debout main sur l'épaule de Claude Riffaud - Crédit : ?

 

En plus des bouteilles, des détendeurs, des masques, des palmes et des combinaisons, Maloubier et Riffaud sont également conscients de l’importance de disposer de trois instruments robustes et fiables : la montre de plongée, la boussole et le profondimètre (des documents provenant des services secrets français attestent que le matériel des nageurs de combat italiens avait été scruté). Aussi, pour équiper les hommes de cette nouvelle unité, Maloubier et Riffaud se mettent à la recherche d'une montre pouvant répondre à leurs besoins. Les deux hommes se tournent naturellement vers les fabriquants français et notamment vers la Maison LIP, l'une des plus grandes marques à l'époque.

La maison française les reçoit dans un bureau à Paris et leur donne une trentaine de montres se nommant Abyssal. Toutes prennent l'eau ! LIP accepte d'en redonner une trentaine, elles prennent de nouveau l'eau, toutes, sans exception...

Fort de ce constat, Maloubier et Riffaud imaginent la montre parfaite pour leur future activité opérationnelle. Une fois les schémas et le cahier des charges faits, le 2 hommes les soumettent à LIP qui leur rit au nez prétextant que les montres de plongée n'ont pas d'avenir...et que donc la marque française ne les suivra pas.

Voilà les deux hommes avec des idées, de la motivation mais pas de montre pour équiper leurs futurs nageurs de combat.

 

Jean Jacques Fiechter / Robert "Bob" Maloubier - Crédit : ?
Jean Jacques Fiechter / Robert "Bob" Maloubier - Crédit : ?

 

A l'époque, le cahier des charges était tracé dans les grandes lignes, Maloubier raconta ce point : "notre projet qui prévoyait une montre avec un cadran noir, de grands chiffres et des indications claires sous la forme de triangles, cercles et carrés ainsi qu’une lunette extérieure pivotante qui reprenait les repères du cadran. Nous souhaitions au début d’une plongée être en mesure de positionner la lunette en regard de la grande aiguille des minutes afin d’indiquer le temps restant. Nous voulions enfin que chacun des repères soit aussi évident qu’une étoile pour un berger".

Restait à trouver une maison susceptible de concrétiser leur projet. Une fois de plus, c'est un homme qui viendra faire avancer l'histoire et décoincer la situation. Cet homme, c'est Jean Vilarem, ancien officier de la Marine et dirigeant de La Spirotechnique, qui était déjà le fournisseur du matériel de plongée de la future unité de nageurs de combat.

Vilarem mit en relation Maloubier et Riffaud avec Jean Jacques Fiechter (j'ignore comment Vilarem et Fiechter se connaissaient) qui, je le rappelle, suite à son accident, détient également ses propres idées sur ce que devrait-être une excellente montre de plongée.

 

Bob Maloubier, Fifty Fathoms au poignet. Notez la lunette avec les chiffres 10 / 20 / 30 / 40 / 50 en lieu et place des 15 / 30 / 45. J'ai vu une telle configuration 2 fois : Sur cette photo et sur la rare version plaquée or - Crédit : ?
Bob Maloubier, Fifty Fathoms au poignet. Notez la lunette avec les chiffres 10 / 20 / 30 / 40 / 50 en lieu et place des 15 / 30 / 45. J'ai vu une telle configuration 2 fois : Sur cette photo et sur la rare version plaquée or - Crédit : ?

 

 

Robert "Bob" Maloubier, Riffaud et Fiechter étaient fait pour s'entendre

 

En effet, chacun de leur côté en étaient arrivés aux même conclusions quant à ce qui devait être une parfaite montre de plongée. Ainsi, lorsque Maloubier et Riffaud prirent contact avec Fiechter, ce dernier ne fut pas long à convaincre. Blancpain accepta rapidement de mettre au point cette montre particulière destinée à l’École des Nageurs de combat.

Il semble (ça parait évident mais sans preuve, je mets du conditionnel) que toute une phase de prototypage ai eu lieu jusqu'à ce que Blancpain soit en mesure de proposer un modèle qui réponde aux attentes et exigences de Maloubier et Riffaud. D'après un témoignage de Fiechter lui même, une seule modification aurait-été apportée : "...ils étaient très sensible à la question du magnétisme. Ils ont donc formulé cette exigence, que nous avons ajouté. Il s'agissait de garantir que la montre était protégée contre le magnétisme. Nous l'avons modifiée pour répondre à cette obligation. Mais à part celà, rien n'a été modifié...".

Avec l'ajout d'un boitier intérieur anti-magnétique en fer doux, les nageurs de combat francais avaient leur montre (l'instructeur de plongée de Fiechter aussi en recevra une). 

 

Pour voir naitre leur montre de plongée, Fiechter inventa et déposera 3 brevets :

- Une couronne doublement étanche permettant, même lorsque la couronne est dévissée, de conserver l'étanchéité de la montre. Un brevet fut déposé pour cette invention (le brevet de la couronne vissée étant déjà déposé). 

- Ensuite, il fallait une lunette tournante (dont l'insert était en bakelite) pour permettre de chronométrer la plongée. L'idée de Fiechter consistait à tourner la lunette pour placer son index zéro en face de l'aiguille des minutes au début permettant par la suite de pouvoir lire directement l'heure sous l'eau avec l'aiguille des minutes en utilisant les marques de temps sur la lunette. Cet élément constituant un maillon de sécurité très important, il ne fallait pas que la lunette puisse tourner accidentellement. Fiechter développé donc un mécanisme de verrouillage, pour empêcher la rotation involontaire de la lunette. Son système de verrouillage d'origine nécessitait une pression à 3 endroits sur la lunette pour la faire tourner. Non seulement le système permettait d'éviter toute rotation par inadvertance mais il protégeait également la lunette du sel et du sable. Cette lunette fera également l'objet d'un brevet.

- Un troisième et dernier brevet fut également déposé concernant le fond vissé "O ring". En effet, le souci avec les fonds vissés est que le joint torique qui scelle le fond peut se tordre et se désaligner lorsque le fond est vissé. Ce qui peut mettre en péril l'étanchéité de la montre. Fiechter développa donc un système pour se protéger contre ce risque. Ce système en 3 parties consistait à positionner le joint dans une sorte de "gouttière" dans laquelle le joint était inséré, par dessus le mouvement, une pièce en fer doux pour lutter contre la magnétisée, ensuite le fond était positionné et enfin, le tout était maintenu par un anneau métallique vissé. 

Pour fabriquer les premiers boitiers de sa montre intégrant ses inventions, Fiechter avait la chance d'habiter directement à Villeret. Et le voisin de Fiechter était fabricant de boitiers (Pauli Frères créé en 1952).

 

Décomposition sur la construction du fond de boite - Crédit : Old Time Heure
Décomposition sur la construction du fond de boite - Crédit : Old Time Heure

 

Le remontage automatique du mouvement était un autre élément essentiel de la conception afin de minimiser l'usure de la couronne et de ses joints qui se produirait avec un remontage manuel répété comme évoqué plus haut. Le calibre sélectionné était un A. Schild AS 1361N modifié et battant à 18000Alt/h et possédant une réserve de marche de 38h.

Tous les tests menés seront relevés haut la main. La montre est en tout point ce que désiraient Maloubier et Riffaud. Ça n'a l'air de rien, mais nous sommes en 1953 et l'ensemble des qualités techniques et des réflexions menées permettent de réunir la quasi-totalité des caractéristiques de la norme NIHS 92-11 (ISO 6425) établie en 1982 (révisée en 1984 puis en 1996 > Sa version 60.60 date du 17/10/2018) pour les montres de plongée...

La Fifty Fathoms est donc la mère de toutes le plongeuses y compris modernes. Pour rappel, la Rolex Submariner ne sortira qu'un an après...

Quant au nom, Fifty Fathoms (cinquante brasses), il fait référence à l'ancienne unité de mesure. La brasse était équivalante à 1,8288 mètre, ce qui correspondait à l'envergure des bras, de l'extrémité des doigts d'une main à l'autre. 50 brasses correspondait donc à environ 91,45m / 300 pieds, profondeur correspondant à la profondeur maximale atteignable avec les bouteilles d'oxygène de l'époque. Jean Jacques Fiechter à d'emblé été séduit par le terme fathom figurant dans le chant d'Ariel rédigé par Shakespeare dans la Tempête : "Full fathom five thy father lies, Of his bones are corale made" - "Par 5 brasses ton père gît, de ses os le corail est fait".

 

Brevet déposé par J.J Fiechter - Crédit : Blancpain
Brevet déposé par J.J Fiechter - Crédit : Blancpain
La Fifty Fathoms - Crédit : Blancpain
La Fifty Fathoms - Crédit : Blancpain

 

Une fois la montre conçue, testée et approuvée (20 exemplaires ont été confiés à Maloubier et Riffaud pour qu'elles subissent des tests rigoureux et approfondis, simulant une utilisation militaire réelle), restait à pouvoir en disposer. En effet, à cette époque et en raison de considérations à la fois commerciales et du secret défense, la Marine française souhaitait acquérir l’ensemble de ses équipements de plongée, y compris les montres fabriquées par Blancpain, par l’intermédiaire d’un seule et unique fournisseur, la maison Spirotechnique. Implantée à Paris, sur la rive gauche de la Seine, l'entreprise fournit déjà tout le matériel de plongée de la future unité de nageurs de combat. Ainsi, pour contourner le souci d'approvisionnement, Blancpain a utilisé le lien qui s'était justement déjà créé avec Spirotechnique pour importer leur futur montre.

 

Albert Cot Fifty Fathoms au poignet et Claude Machefaux en mission d'inspection des épaves obstruant le canal de Suez - Crédit : Paul Corcuff
Albert Cot Fifty Fathoms au poignet et Claude Machefaux en mission d'inspection des épaves obstruant le canal de Suez - Crédit : Paul Corcuff
Compte rendu de mission de 2 nageurs de combat après l'inspection d'épaves dans le canal de Suez. Au centre l'homme porte une Fifty Fathoms - Crédit : Paul Corcuff
Compte rendu de mission de 2 nageurs de combat après l'inspection d'épaves dans le canal de Suez. Au centre l'homme porte une Fifty Fathoms - Crédit : Paul Corcuff
Un nageur de combat du Commando Hubert ajustant son matériel avant une mission d'inspection d'une épave dans le canal de Suez - Crédit : Paul Corcuff
Un nageur de combat du Commando Hubert ajustant son matériel avant une mission d'inspection d'une épave dans le canal de Suez - Crédit : Paul Corcuff
Nageur de combat du commando Hubert ajustant sa montre avant une mission d'inspection d'épaves dans le canal de Suez - Crédit : Marine Nationale
Nageur de combat du commando Hubert ajustant sa montre avant une mission d'inspection d'épaves dans le canal de Suez - Crédit : Marine Nationale

 

La Spirotechnique (filiale du conglomérat français Air Liquide), devenu fournisseur officiel des futurs nageurs de combat, commercialisait à l'époque une large gamme de matériel de plongée (tubas, masques, palmes etc...). Parmi les marques commercialisées et distribuées par Spirotechnique, il y avait Aqua Lung. Cette marque avait été conçue par Jacques-Yves Cousteau lorsqu'il a dû commercialiser le détendeur à valve CG45 qu'il a inventé avec Emile Gagnan en 1945. La famille de l'épouse de Cousteau étant à l'époque propriétaire d'Air Liquide, c'est tout naturellement que Cousteau utilisa Spirotechnique pour fonder Aqua Lung (Spirotechnique était imprononçable pour les anglophones, d'ou la création d'Aqua Lung).

C’est donc par le biais de Spirotechnique que Cousteau découvrit la Fifty Fathoms et qu’il décida d'en acheter pour équiper ses plongeurs. Certaines pièces seront d'ailleurs utilisées lors du tournage du Monde du Silence même si on verra surtout l'équipe Cousteau avec des Doxa (que La Spirotechnique distribuera à partir de 1969) et des Omega.

 

Gros plan sur la Fifty Fathoms d'un des membres de l'équipe Cousteau - Crédit : ?
Gros plan sur la Fifty Fathoms d'un des membres de l'équipe Cousteau - Crédit : ?

 

La distribution auprès de la Marine Nationale et des amateurs de plongée, en France, est assurée via la Spirotechnique mais Blancpain veut s'implenter plus largement dans l'hexagone et proposer sa nouveauté à un plus large public. L'acteur majeur de la belle horlogerie au début des années cinquante en France, c'est la société LIP et il se trouve que la direction de Blancpain était assez proche de Fred LIP et Blancpain étant peu connue en France et LIP ne disposant pas de montre sportive et de plongeuse à son catalogue (ce qui est plutôt amusant car quelques années auparavent, pour rappel, LIP avait refusé de concevoir la montre imaginée par Maloubier et Riffaud, prétextant que la montre de plongée n'avait aucun avenir), un accord de commercialisation est donc signé en 1953 entre les deux marques. Ainsi LIP assurera la distribution, le marketing et le SAV. Les montres firent commercialisées sous la marque LIP Blancpain et distrubuée dans le réseau de LIP ou plus exactement dans le réseau HBJO (Horlogers, Bijoutiers, Joailliers, Orfèvres). A ce titre, une très rare version plaquée or et disposant d'aiguilles dauphine sera commercialisée. Il est avancé le chiffre d'environ 20 pièces (longtemps décriée, cette pièce a été certifiée par Fiechter lui-même qui se souvenait parfaitement avoir produit ces exemplaires spéciaux).

 

Blancpain LIP - Crédit : Hairspring
Blancpain LIP - Crédit : Hairspring

Un peu moins d'un an après la sortie de la Fifty Fathoms, Blancpain commence à vouloir diffuser son modèle sur différents marchés porteurs comme les Etats-Unis. Pour celà, la marque du Brassus commence à s'associer avec des distributeurs. Mais à cette époque et pour ce genre de montre (qui pour le coup est d'avantage un outil), ce n'est pas via les canaux habituels et via les enseignes de luxe que la Fifty Fathoms est distribuée mais via des distributeurs de matériel et d'équipements de plongée. On y trouvait alors combinsaisons, palmes, tubas, arpons mais aussi boussoles, profondimètes et montres. Parmis ses noms, le plus connu est certainement Aqua Lung, qui comme évoqué plus haut, était une marque qui avait été créée par Cousteau pour commercialiser son détendeur CG45 et cette marque était très présente aux Etats-Unis. Pour ce marché, la Fifty Fathoms était donc estempillée Aqua Lung sur le cadran et le fond et l'inscription 1000 FEET était visible à 6h. L'Aqua Lung "1000 pieds" était la version américaine de la Fifty Fathoms et n'était vendue qu'aux États-Unis et a été la toute première montre avec une étanchéité garantie à1000ft/300m (la Milspec ne sera garantie "qu'à" 200m). Technisub et Barakuda en Allemagne ont également distribué la Fifty Fathoms, l'offrant dans leur catalogue d'équipements de plongée. Quelques MilSpec "civiles" seront même vendues par Abercrombie qui à l'époque était une enseigne spécialisée dans la vente d'articles de randonnée. Cette MilSpec civile est batisée Demolition Watch, ce doux surnom provient d'un ancien catalogue Abercrombie & Fitch de la fin des années 60 début des années 70. La description de la montre indiquait alors comme étant une montre utilisée par les plongeurs de la Marine, résistant à l'eau ou aux chocs explosifs.

Tout en bas de ce catalogue de matériel de plongée, la Fifty Fathoms "PG1"
Tout en bas de ce catalogue de matériel de plongée, la Fifty Fathoms "PG1"
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