Blancpain Fifty Fathoms, Rolex Submariner 5512 et 5513, Tudor Submariner, Triton Spirotechnique, Doxa, Auricoste, Beuchat, Bianchi...la liste est longue si on commence à énumérer toutes les belles montres, aujourd'hui très recherchées, qui ont équipé les plongeurs de la marine Nationale !
Mais dans cette galaxie de pièces emblématiques, il y a une marque qui ne faut pas oublier, bien que n'étant pas suisse ni même française et même pas mécanique, c'est Casio. Cette marque japonaise a réellement équipé en dotation l'armée française mais aussi la Gendarmerie, le GIGN...et ce pendant plusieurs années. La référence la plus emblématique fut la Casio G-Shock DW-9000.
Casio DW-9000 - Marine Nationale TN 1999
Photo : G.Pruchon / Old Time Heure
Elle a équipé l'élite, les hommes des unités de ce que l'on appelait à cette période le COFUSCO notamment constitué du commando Hubert. Ce groupement de commandos de la marine permet de doter la Marine Nationale d'une force de frappe d'opérations spéciales. Elle est l'équivalent et la composante navale du COS (Commandement des Opérations Spéciales) et conduit des opérations d'appui aux services navals et de renseignement français. Mais avant de devenir COFUSCO (puis FORFUSCO), tout a démarré pendant la seconde guerre mondiale avec l'apparition et la création des premiers commandos marine.
Casio DW-9000 - Marine Nationale TN 1999 portant les stigmates d'une vie tumultueuse
Photo : G.Pruchon / Old Time Heure
Dans l'idée de frapper les forces nazies en Europe, le gouvernement français a monté un certain nombre d'unités d'élite et d'opérations spéciales, l'une de ces unités était la Troop 1 (Première Compagnie de Fusillers-Marins Commando). Elle était composée d'un groupe d'anciens membres de la Marine française. A sa tête, le commandant Philippe Kieffer appuyé un peu plus tard par le lieutenant Charles Trepel, nommé commandant en second. L'unité sera entrainée par les commandos britanniques au camp de Camberley en compagnie du lieutenant Jean Pinelli afin de mener des raids, des opérations amphibies et des missions de reconnaissance le long des côtes européennes.
Le 1er aout 1942, la Troop 1 composée d’une trentaine d’unités se voit rattachée au n°10 Commando Inter Allied, basée au Pays de Galles, dans laquelle on peut trouver des troupes de toutes origines (Belgique, Hollande, Norvège, Pologne, Tchécoslovaquie, mais aussi des antinazis d’Allemagne et d’Autriche). Le n°10 Commando s'installera à Eastbourne dans le Sussex. La 1ère compagnie (ou “Troop 1“) compte alors 81 hommes pour plus tard, en Octobre 1943, être rejointe par une deuxième compagnie française, la Troop 8 (créée par Charles Trepel). Au même moment le N°10 Commando Inter Allied est supprimé. La Troop 9 verra également le jour un peu plus tard, elle est composée de volontaires de la Troop 8 et est sous les ordres du Lieutenant Amaury afin de former une nouvelle section de combat. Cette troupe se spécialisera dans l'appui en se formant à la mitrailleuse à forte cadence de tir. Cette Troop verra arriver le Lieutenant Hubert dans ses effectifs.
Ces unités seront utilisées pour former le noyau dur du Premier Bataillon Fusilliers Marins Commandos créé en Mars 1944. La Troop 1 et 8 participeront au débarquement à Ouistreham, accompagnés des soldats britanniques de la 1st Special Service Brigade, Commando n°4.
Casio DW-9000 - Marine Nationale TN 1999 - Le bracelet présent sur la photo est de type deuxième génération, la première se distinguant par les grilles d'avantage dorées
Photo : G.Pruchon / Old Time Heure
Après la seconde guerre mondiale, entre 1945 et 1947, six commandos seront créés et porteront le nom d'anciens officiers commandos de Marine tués au combat. En mai 1947, sont créés les commandos Trepel, Montfort (au centre Siroco) et François (qui sera dissolue en 1951). En décembre 1947, le Commando Hubert est créé et deviendra un commando de nageurs de combat en 1953 (Maloubier, la Fifty Fathoms...). A la même période, le commando De Penfentenyo est créé ainsi que le commando Jaubert (d'abord appelée compagnie Merlet en Décembre 1944, pour devenir la Compagnie Jaubert en février 1946 puis commando Jaubert le 1 janvier 1948). Les fais d'armes de ces commandos sont très nombreux entre la seconde guerre mondiale, l'Indochine et la guerre d'Algérie. Je ne rentre pas dans les détails des opérations menées.
Plus tard, en 1968, la nouvelle École des fusiliers marins sera implantée à Lorient, l'année suivante, en 1969, le Groupement de Fusiliers Marins Commandos, composés des commandos Trepel, de Monfort, Jaubert et de Penfentenyo s'installent également à Lorient. Le commando Hubert, unité de nageurs de combat, bien qu'appartenant au groupement reste implanté à St Mandrier (Toulon), la méditerranée a un avantage, elle est peu soumise aux marées, ce qui est fort utile pour l'entrainement. 1982, création du Commandement des fusiliers Marins COFUSMA (Groupement des Fusiliers Marins Commandos), dont l'état-major s'installe à Lorient, le COFUSMA sera dissolue en 1983 pour devenir le COFUSCO (Commandement des fusiliers marins et des commandos). Période durant laquelle les Casio et en particulier la DW-9000 s'illustreront notamment au poignet du prestigieux Commando Hubert. Le COFUSCO était toujours basé à Lorient et opérait toujours sous le contrôle direct du chef d'état-major de la Marine et opérant parfois sous autorité du COS (le Commandement des Opérations Spéciales). A cette époque à Lorient, se trouve donc l'état-major COFUSCO, les commandos Jaubert, de Montfort, de Penfentenyo, Trépel et le GCMC / Groupe de Combat en Milieu Clos (créé en 1994, devenu ECTLO et dont la mission fut reprise par le commando Hubert).
Casio DW-9000 - Marine Nationale avec bien visible en bas, la gravure TN 1999 (infos plus bas)
Photo : G.Pruchon / Old Time Heure
En 2001, le COFUSCO devient FORFUSCO (Force Maritime des Fusilliers Marins Commandos) et compte 7 unités de commandos marine placée sous le commandement d'un amiral (ALFUSCO) dépendant directement du chef d’État-major de la marine en ce qui concerne l'organisation et la préparation de cette force parfois déployée sous l'autorité du COS (commandement des opérations spéciales) pour des missions sur des théâtres extérieurs. Les 7 commandos sont :
Jaubert - Basé à Lorient - Spécialisés dans l'action spéciale offensive en milieu terrestre ou maritime, le contre-terrorisme et la libération d'otages. Ce commando dispose d'un groupe CTLO (Contre-Terrorisme Libération d'Otage) au même tire que Hubert et Trepel. A l'origine, il s'agissait d'une unité antiguérilla en guerre d'Indochine.
Trepel - Basé à Lorient (d'abord à Toulon) - Il est spécialisé dans l'assaut à la mer, le contre-terrorisme maritime et l'extraction de ressortissants. Comme Jaubert, il dispose d'un groupe CTLO.
De Montfort - Basé à Lorient - Mainte fois dissout puis reconstitué, il est spécialisé dans l'appui et la destruction à distance. Pour ce faire, le commando dispose de snipers et d'armes plus lourdes comme le mortier. Ils disposent également de matériel en appui-feu (marquage de cibles etc.)
De Penfentenyo - Basé à Lorient - Il est spécialisé dans la reconnaissance de sites, d'installation ett infrastructures maritimes et la préparation tactique post opération.
Hubert - Basé à Saint Mandrier sur Mer depuis 1965 - Devenue une unité de nageurs de combat en 1953, elle prend le nom de CASM (Commando d'Action Sous Marine). La seule unité de nageurs de combat, tous sont également chuteurs opérationnels
Kieffer - Basé à Lorient - Cré en 2008, il est spécialisé dans plusieurs domaines très spécifiques : maîtres-chiens pour la recherche d’explosifs improvisés (cynotechnie), des spécialistes des drones, de la guerre électronique, du déminage ou du combat en environnement NRBC.
Ponchardier - Basé à Lenster - Recréé le 11 septembre 2015, il est spécialisé dans l'appui aux opérations spéciales via des vecteurs nautiques et terrestres, et par l'emploi de la 3D et d'armements.
Nageurs de combat, Casio DW-9000 au poignet
Photo : DR
Début années 90, c'est la DW-5600 (sortie en 1989 avec fond acier vissé et disposant encore de leur N° de série) a être l'une des premières Casio en dotation au sein de la MN et notamment à l'école de plongée. Puis il semble que la DW-002 (sortie en 1994) se soit imposée avant que la DW-9000 (sortie en 1997) ne soit en dotation du COFUSCO en 1998 et 1999, plus tard remplacée par la Timex Ironman réf.T56442 (je n'ai vu que des Lorient), Nato Stock Number (NSN) 6645-14-4814011 (6645 étant le code pays pour la France), également vue avec des gravures commençant par R91, l'indicatif visuel du porte avion Charles de Gaule ou GPD pour le Groupe de Plongeur Démineur.
Hors COFUSCO, des DW-9000 ont été répertoriées en dotation à la SHOM (Service Hydrographique et Océanographique de la Marine), elles portent un numéro gravé sur le fond précédé de "N°". Des pièces plutôt rares.
Pour le COFUSCO, 2 types de gravures sur le fond ont été répertoriées.
La première indique une lettre, un chiffre suivi d'un autre, cette gravure n'a été vue que sur des années 1998 avec des montres fabriquées en Malaisie ou au Japon.
Exemple : L - 98 / 45
Ce qui veut dire : Lorient - 1998 - 45éme montre de la dotation.
Ci-dessous, quelques exemplaires répertoriés :
La seconde gravure indique elle 2 lettres et une année.
Les lettres correspondent à :
Ce type de gravure a été vu sur les années 1998 et 1999 avec des provenances de fabrication différentes selon leur attribution :
D'autres Casio s'illustreront au poignet de la Marine Nationale comme la DW-002 pour les plongeurs démineurs de Saint Mandrier, rarement gravées (il existe quelques exemplaires gravés cependant). La G-2900F également pour les plongeurs démineurs (qui pour le coup seront gravées) mais aussi pour le commando Hubert.
Les unités anti-terroristes seront eux notamment dotés de DW-6000 gravée CXXXX...on croisera également quelques DW-6600 (au CAS notamment avec une gravure CXXX), des G-3011, G-2900 (nageurs de combat de St Mandrier, école de plongée), des DW-280...